Sur ses traces - Page 1
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Voici une histoire écrite pour un concours sur le thème de la tauromachie...
(photo Marcelo Del Pozo - Reuters)
Il fait encore une chaleur torride en cette fin d'après-midi. Le public s'est déplacé en masse de tous les horizons pour ces arènes dont la réputation n'est plus à faire, elle est acquise pour des générations. Faut dire aussi que l'affiche est attrayante avec le grand Idalgo, un phénomène dans la tauromachie, sa seule renommée rameuterait même les plus indifférents en foule. Bien qu'en fin de carrière, il a encore conquis les faveurs de chacun par la prestation exceptionnelle qu'il a offerte. Le deuxième matador a remporté également un beau succès, les acclamations soutenues l'exhortent à exhiber les deux oreilles coupées du taureau qu'il a obtenues. L'orchestre accompagne de son entrain convaincant l'ambiance festive.
Ma peau ruisselle sous mon habit de lumières, pourtant mon taureau est encore dans son box, il attend, tout comme moi, de fouler pour la première fois ce lieu mythique. Cela me rappelle le jour où j'ai pénétré le territoire sacré de mon père. Lui seul entrait dans l'enclos derrière la maison pour affronter les monstres noirs, tandis que ses amis restaient toujours derrière les barrières à s'agiter. J'avais seulement cinq ans, et une taille suffisante pour me faufiler entre les poteaux et rejoindre mon papa. Tous ont hurlé et accouru. On m'a arrachée avec brutalité pour m'expatrier très loin sous les ordres de l'apprenti torero. Je n'étais pas désirée en ce lieu. Plus jamais je n'ai pu m'approcher, il m'a exclue, ne voulait pas de moi.
Aujourd'hui, c'est mon tour, je reviens du haut de mes vingt ans sur ses traces, dans cette même arène où ce jeune homme qu'il était à l'époque, a été consacré matador aux yeux du monde par l'audace de sa jeunesse qu'il a perpétuée, son empreinte règne encore, toujours intacte et inégalée.