L'Enfant-Lune / Page 3

Publié le par Camille Butterfly

Après un remaniement du texte, voici enfin la suite ... bonne lecture !


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Je me réveille, il n'y a plus personne, la place est déserte, pas un bruit, le soleil est tombé. Un souffle de vent tiède me caresse le visage, je me sens bien... lorsque subitement, un grondement tonitruant s'échappe de mon estomac. Même en étant seule, le rouge me monte aux joues, la discrétion n'est pas de mise !

Pour apaiser ce boyau vide, je m'aventure dans les rues à la poursuite d'une consolation. Je découvre un comptoir où l'on m'accueille chaleureusement.

— B'soir Mademoiselle, qu'est-ce que je vous sers ?

— Euh… un sandwich comme ceci.

— Frites ? Sauce ? Mayonnaise ?

— Euh… oui tout ça.

Tous ces mets sous mon nez m'aguichent. Le vendeur s'active en me montrant régulièrement son sourire énorme.

— Vous êtes seule par cette belle soirée ? Une si charmante…

— Elle n'est pas seule, je suis là !

Je sursaute. Un homme se tient derrière moi, surgi de je ne sais où. Il a belle allure, une peau hâlée sous sa chemise blanche déboutonnée, un pantalon beige en lin faisant figure de son bon goût, une expression calme et rassurante.

— Vous désirez quelque chose, Monsieur ?

— Non merci, je suis servi. Dit-il, se collant sensiblement à moi.

À cet instant, je sentis clairement une intrusion dans ma contrée, mais fis l'air de rien. Le commerçant me tend enfin ma convoitise.

— Voilà, Mademoiselle, quatre euros s'il vous plait.

Je le regarde avec des yeux ronds de chaton.

— Mais… je n'ai pas d'argent.

Visages figés dans un silence apocalyptique d’une fraction de seconde comme si la vie avait déserté la Terre.

— Comment ça pas d’argent ! Tu te fous de moi, Mademoiselle ? Donne-moi quatre euros !

Honteuse, je ne dis mot devant ce visage furibond qui passe du vert au rouge.

— Pas d’argent ! Je ne nourris pas les mendiants !

— Bah pourtant, ils ont faim aussi.

Ce n'est pas le moment d'en rajouter, mais c'est sorti tout seul.

— J’ai un commerce, moi…

Là, il écume franchement.

— Ça va, ça va !

Intervient l'homme à mes côtés en fouillant dans sa poche pour payer ma commande. Puis me prend par le bras pour déguerpir, alors que le vendeur, sidéré, continue à grogner tout en astiquant avec ferveur son comptoir d’un chiffon déjà sale d'hier.

— Pas d’argent… pas d’argent… je lui donne à manger et rien pour payer !



Publié dans Nouvelle 1

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J
Belle histoire! si ça t'interesse tu trouvera aussi sur mon blog de la littérature qui sort de l'ordinaire...AmitiéJean-Yves
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C
Ah oui ça m'intéresse... je note le lien pour y revenir, pas eu le temps de tout lire ;-)à bientôt
L
Heureusement ce n'est qu'une histoire  en realité le proprio ne t'aurait pas donné ton casse dalle  le type lui n'a surement pas de bonnes intentions avec le personnage affamé
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