Roman - Page 16

Publié le par Camille Butterfly


J’ouvre un œil et le regarde en louchant. Mais c’est qu’il m’engueulerait cet idiot !

— Ah enfin une réaction ! S’il faut faire du rentre-dedans pour te faire prendre conscience de ton état larvique, compte sur moi, je ne te ferai pas de cadeaux !

Aïe Aïe Aïe ! Je suis tombée droit dans les bras d'un tortionnaire, il doit être pire que tout ce que je pourrais supposer. Cette fois c’est clair, pas d’échappatoire possible.

— Au secours...

Je m’écroule sur le carrelage priant le Tout-Puissant s'il existe de me sortir de ce pétrin. Tiens ! Il y a de la moquette sur le sol ? Je ne suis pas tarée... enfin si... mais pas vraiment quand même. Et si je l’étais devenue pour de vrai ? Et si mon cerveau avait déconnecté ? Si ça se trouve, cet agité est simplement une pure création de mon imagination débridée. Si je ne peux même plus compter sur moi-même, je suis complètement finie cette fois.

— Au secours…

Je me laisse tomber à nouveau sur la moquette !

Il se passe un moment assez long sans qu’il ne se passe quoi que ce soit, je me relève pour observer les aboutissants de la situation, mon visiteur s’est assis dans le fauteuil et attend calmement, il me regarde. Mais pas n’importe comment. Avec ce regard doux qui vous pénètre et vous hypnotise. Sensation bizarre. Ça réchauffe de l’intérieur, je ferme les yeux, ça fait du bien.

— Je ne suis pas un patient de l’asile.

Mon double était revenu, je l’avais reconnu à cette sensation de réconfort.

— Je suis où ?

— Dans mon monde.

— Tu me disais que je ne pouvais pas te voir en face sous peine de me faire absorber ?

— Oui la première fois, mais l'idée de mon existence à tes cotés, a fait du chemin dans ta conscience, il y a toujours un risque, mais je pense que tu peux le surmonter.

Je le regarde me sourire doucement, il se plonge en moi. Si ce moment pouvait durer une éternité, pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs. Il est beau. Il ne me juge pas, n’exige rien, m’accepte telle que je suis. Une marée de désespoir m’envahit, je ne sais pas pourquoi, mes yeux se voilent, j’ai envie de me réfugier dans ses bras, de me fondre en lui et disparaître, j’étouffe, j’étouffe, j’ai le crâne qui explose, je ne peux plus continuer, c’est trop dur, je ne peux plus, je n’y arrive pas.

— Fais-moi confiance… regarde-moi… affronte-toi…

Je lève la tête, j’étouffe, je tire de toutes mes forces sur mon tee-shirt pour tenter de respirer, mon regard transperce le plafond, mon cœur éclate, il faut que je me calme, c’est pas grave tout ça, c’est pas grave…


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