Roman - Page 17
— Tu dois te libérer. Je peux t'y aider, si tu le souhaites.
J’ai du mal à parler, les mots restent prisonniers de ma gorge, aucun son ne sort.
— Raconte-moi tout simplement ce qu’il s’est passé.
— C’est parti… d’une rencontre sans intérêt… d’un jeu de provocations, d’une nuit ensemble sans vraiment trop la désirer, et depuis… je l’ai dans la peau, il m’a ensorcelé. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il m’obsède autant ? Pourquoi est-ce que j’ai besoin de lui ? Pourquoi je n’y arrive pas ? Je le veux. J’ai besoin de lui, c’est plus fort que moi, c’est au-dessus de mes forces, je n’y peux rien, je n’y peux plus rien. Faut que je sorte. J’étouffe. J’ai mal. Pourquoi ai-je si mal ? Qu’est-ce que je dois faire ?
— Cherche en toi les vraies raisons de ton obstination sur cet homme.
— Je n’y arrive pas ! J’ai essayé de savoir, de comprendre pourquoi je ne peux me passer de lui. Tout ce que j'ai appris, c’est que je ne supporte pas de ne pas savoir où il est, ce qu’il pense de moi, s’il pense à moi, si je lui manque. J’ai besoin de le voir, j’ai besoin de son regard, j’ai besoin d’entendre le son de sa voix me raconter ses histoires ou me murmurer des mots rien qu’à moi, j’ai besoin de sentir la chaleur de sa peau, et la façon dont il me tient la main pour s’endormir comme s’il avait peur de me perdre…
Je me recroqueville contre un coin de la pièce.
— Il me manque, j’ai essayé de l’oublier, de me sauver. Cela fait déjà huit mois que je suis cloîtrée dans cet hospice et pourtant il me hante encore, je ne comprends pas, j’étais bien avant de le rencontrer, je n’avais besoin de rien, je ne demandais rien à personne…
— Justement, tu ferais bien de demander parfois.
— Je vivais tranquillement au gré du vent, allant par ci, allant par-là, libre de toutes pensées, sans besoin de personne… Maintenant, j’ai besoin de lui appartenir pour continuer.