Roman - Page 12

Publié le par Camille Butterfly


Inconsciemment durant ma cogitation mentale, je me suis bloquée la tête entre les barreaux placés devant la fenêtre du bout du couloir. Je trouve ça assez marrant. Apparemment, ce n’est pas le cas de tout le monde étant donné les hurlements d'affolement qui s’enfuient des gorges pour rebondir sur les murs et se fracasser contre les arbres au fin fond du parc, où je n’ai encore jamais mis les pieds d’ailleurs ! Faudrait y remédier, des fois que j’y rencontre un gros loup pour me dévorer. Oh là là ! Pris au sens figuré, on pourrait croire que je fais des allusions sexuelles. Entre parenthèses, un psy n’aurait pas besoin de le prendre comme tel pour me dire que c’est nettement un appel sexuel, de toute façon ils font tourner la terre sur les désirs sexuels. N'y aurait-il pas autre chose qui ferait avancer les hommes ?
J'imagine leurs relations intimes, tellement focalisés que même pendant l’acte charnel ils sont plongés dans l’analyse du désir sexuel et de ses névroses qu’ils oublient de prendre conscience de l’extase que cela fournit au moment de la finalité lorsque c’est bien fait, de quoi engendrer des êtres frustrés effectivement, mais qu'ils ne fassent pas un transfert sur leurs patients tout de même !

Je vogue dans une phraséologie sans intérêt, mais au moins elle a le mérite de combler le temps, parce qu’ici je n’ai que ça, du temps ! A ne pas savoir quoi en faire. Moi, qui courais toujours avant, je courais après le temps. C’était aussi une excuse facile que je prodiguais à tout vent, car lorsqu’on veut un peu de temps il est toujours possible d’en avoir, il suffit de savoir discerner ce qui est essentiel et ce qui est superflu pour éviter le temps perdu en inutilités.
Ainsi je proclamais : je n’ai pas le temps ! Et hop je disparaissais. Et en plus, ça marchait. Tu n’as pas fait ci ? Tu pourras faire ça ? J’ai pas le temps et hop le sujet était clos ! Je faisais preuve d’une énergie débordante, toujours en activité.
Je crois que dans le fond la vraie raison était ailleurs, cela me permettait de ne jamais m’arrêter, de ne jamais réfléchir sur moi-même, de ne jamais penser aux conséquences de mes actes, ou tout simplement ce stratagème m’empêchait d’être attentive au monde qui m’entourait, en gros refuser de voir la réalité pour ne pas en souffrir, faire comme si de rien n’était.


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